Mes deux trésors : Mascarade et La fleur grise

Publié le par Karen

Jeudi 24 février 2010

Cet instant est solennel. Je vous confie ce soir mes biens les plus précieux. Ce sont deux présents magnifiques auxquels je tiens comme à la prunelle de mes yeux. Mon frère me les offerts alors que je n'étais plus une petite fille ni tout à fait une adolescente. Entre deux rives, je naviguais sans trop savoir dans quel royaume j'allais entrer. La fin de l'enfance est empreinte d'une belle nostalgie mais franchir une nouvelle frontière faisait aussi palpiter mon coeur d'aventurière. Ces deux albums énigmatiques symbolisent cette lointaine époque où il fallait encore décrypter des messages codés pour découvrir le monde étrange des adultes. Mystérieux, ces deux présents ne se dévoilent pas facilement et nécessitent une attention particulière pour répondre aux questions posées et découvrir des secrets cachés. 

masquerade thumb2

J'ai ressorti ces deux albums du grenier de mon enfance. Les effleurer suffit à me remémorer ces soirs d'été où je les lisais sous mon saule pleureur à la lueur du soleil couchant. Voici mes deux albums sibyllins, mes deux trésors. 

 


Mascarade / Kit Williams ; traduit de l'anglais par Henri Robillot. - Paris : Gallimard, 1979 (première édition)

Le titre original est Masquerade 

books_masquerade_int.jpg 

Dans les pages de ce livre, il nous est conté une histoire d'amour, d'aventure et de trésor perdu. L'auteur de cet album, Kit Williams en personne, a caché quelque part en Angleterre un lièvre en or ciselé et rehaussé de pierres précieuses. Pour découvrir le lieu précis où a été enfoui ce trésor, il suffit de répondre aux énigmes, de déchiffrer les messages codés et de retrouver à chaque Jacou le lièvre, malicieusement dissimulé dans les pages de cet album. 

golden_hare.jpg

La lune en personne est à l'origine de ce chef d'oeuvre d'orfèvrerie :

"Par une nuit parfaite, limpide et calme, apparut une fois dans le ciel le pâle visage d'une dame très belle. Les tresses de sa chevelure s'étirèrent pour former les constellations, et les pans de rosée vaporeuse de sa robe se répandirent sur le sol. 

Cette dame que tous les mortels appellent la lune se mit à danser une danse joyeuse dans le ciel sans limites car elle était tombée amoureuse et l'objet de son adoration était le soleil.

A cette danse toute imprégnée de bonheur se mêlait pourtant un peu de mélancolie car, chaque fois que sa ronde la menait dans la même partie du ciel que le soleil, elle semblait simplement s'effacer et redoutait de n'être jamais remarquée par l'astre de feu.

Le soleil, pour sa part, et contrairement à son apparence, était toujours triste. Il ne souhaitait rien tant que d'avoir un ami. Mais lorsque les gens le regardaient, ils détournaient aussitôt la tête en faisant la grimace, et le soleil se disait qu'il devait être d'une laideur affreuse.

Cette nuit là, la dame au teint si pâle résolut de se faire connaître du soleil en lui envoyant un gage de son attachement. Dans ce but, elle demanda à celui qui joue de la musique de cesser de jouer un moment ; puis elle cueillit dans la mer des nuées la plus scintillante pierre de lune rose. Ensuite, avec un peu d'or pris au ciel de l'aube, elle cisela habilement un bijou superbe qui était le parfait miroir de son amour. Bijou qui possédait une beauté plus durable que la tendre lèvre, que l'oeil le plus brillant, une beauté éternelle qui se moque du temps."

sdfrdwsdf-003.jpg

Parviendrez-vous à retrouver ce trésor perdu ?

Je suis le début de l'éternité

Suivent un demi-cercle puis un demi-carré

Sur mon quatrième en boucle fermée

S'inscrit mon cinquième

Mon sixième commence mon septième

La fin de l'espace et de la durée

La suite de ces signes vous donnera la clef


La fleur grise / Christophe Glogowski ; images de Dorothée Duntze. Ipomée, 1987 

Les personnages de cette étrange histoire sont en quête d'une couleur, d'un son extraordinaire et d'une fleur qu'ils n'ont ni l'un ni l'autre ni jamais vus ni jamais entendus. Le peintre, le musicien  et le jardinier recherchent aussi à leur manière un trésor enfoui, disparu, un saint Graal qui donne un sens à leur existence. Leur parcours est jalonné de charades et d'énigmes et d'un étonnant bestiaire. Paon vaniteux, coq hardi, grenouille facétieuse, ces animaux là ont la faculté de parler et de leur poser d'épineuses énigmes :


"Qui est-ce qui à l'aube,

Beau calice portant, 

Frappe chaque matin 

A une porte de verre ?

Quand on l'ouvrira, 

Pierre précieuse trouveras.

Réfléchis à l'énigme

Et ma roue verras."


"Quelle est cette merveille 

D'une très courte nuit :

Elles courent en cortège 

Sur une route courante,

Les tresses piquées d'émeraude

Et couronnées de feu ?

Réfléchis à l'énigme

Et je chanterai !"

 

"Une dame dans les prés 

Sème des perles par milliers.

La lune la voit faire

Mais préfère se taire.

Le soleil se lève

Toutes les perles enlève."

 

Si vous répondez sans fautes à toutes ces charades, vous gagnerez mon estime et je vous offrirai sans hésitation la fleur grise. Laissez libre cours à votre imagination... Les illustrations de Dorothée Duntze sont relativement rares et difficiles à trouver sur la toile.

Je vous ai dévoilé mes trésors. Je suis heureuse d'avoir relu ces deux albums qui resteront à jamais gravés dans mon coeur. Le sommeil me gagne et je souviens aussi à cette époque que la berceuse de Pierre Vassiliu passait en boucle. C'était la chanson préférée de mon grand-frère qui aimait l'écouter avec ses élèves du primaire. Faites de beaux rêves. Bonne nuit. 

grenier17_d.jpg


 

 J'ai brisé les éclairs

 J'ai grondé le tonnerre

Engueulé Dieu le Père
Pour t'avoir
J'ai roulé dans la poussière
Ces méchantes sorcières
Pour te voir

 


Et j'ai rangé les souris
Qui te réveillent la nuit
Pour te voir
Puis j'ai sorti mon épée
Et mon astro-fusée
Pour te voir


Mais j'ai trouvé la princesse
À qui je pense sans cesse
Pour t'avoir
Et si nous avons la chance
Nous te ferons une enfance
Tu vas voir !


Moi, je ferai l'imbécile
Ça me sera très facile
Pour te voir
Avec ton accent créole
Que tu prends quand tu rigoles
Tu m'enverras me faire voir
Me faire voir

- Bon alors, Bunny, bien dormi ?
- Oh, j'ai raconté des histoires, chanté avec vous, compté les étoiles. Léna s'est endormie. C'était joli...

Extraits de la chanson "Léna" de Pierre Vassiliu 

 

 

 


 

 





Publié dans Albums

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article